19 mai 2017 – La vallée de l’Eure à Uzès
Les lavandières à la fontaine de l'Eure
Les lavandières à la fontaine de l’Eure

Promenade au pied d’Uzès dans la vallée de l’Eure.

Rendez-vous : 9h30 au parking de la Vallée de l’Eure.

Quelques mots sur la promenade :
De la source de l’Eure aux différents moulins en passant par l’aqueduc, un parcours marqué par la présence de l’eau.

 

Ça c'est bien passé
Le groupe des promeneurs
Le groupe des promeneurs

De bon matin, un groupe de 16 membres de La Zébrine accompagné de Bernard Malzac a parcouru les chemins de la Vallée de l’Eure. Une vallée verte et bucolique à deux pas d’Uzès.

Bernard Malzac président de l’Association H.C.U. et directeur des Éditions La Fenestrelle a bien su nous transmettre ses connaissances acquises à la lecture de documents d’archives et de nombreux livres, mais nous a aussi relaté ses propres souvenirs d’enfance et de collégien qui comme beaucoup d’Uzétiens ou Uzégeois a fréquenté ce beau site.

Moulins et filatures

Le premier édifice observé tout près du parking, est un bâtiment plutôt banal mais qui s’avère être autrefois le moulin Roussel ou Vernet (famille de potiers) qui fut transformé ensuite en une filature. Une ancienne carte postale en témoigne : un long bâtiment avec une cheminée. Ce qui a permis à Bernard d’évoquer le travail dans les filatures. Le dur travail des fileuses qui venaient de tous les villages de l’Uzège mais aussi celui des enfants par la lecture d’une circulaire de 1841 qui autorisait leur travail à partir de 8 ans ! Pas plus de 8 h par jour mais de 5 h du matin à 9 h du soir, ponctué par une pause repas, avec fréquentation de l’école (on se demande quand!). Bernard a précisé qu’au début du 20e s, c’était encore les conditions de travail à l’Usine Zan de Pont des charrettes. Nous nous sommes ensuite dirigés vers un autre moulin Roussel connu par certains pour être reproduit en carte postale avec des lavandières en premier plan.

La source

Derrière ce bâtiment se trouvent les sources de l’Eure dans une vaste vasque d’où émergent des boulidous (aperçus par le portail). Une dizaine de sources ou plus exactement de résurgences de l’eau venue du plateau constituent cette source de l’Eure divinisée en Ura par les romains (stèle conservée à Lyon). Ura donne Eure ( la racine UR de Ura, signifie eau). Une source pérenne au débit constant (400 l/s ) à l’eau cristalline qui se jette dans l’Alzon à l’eau plus trouble. Une eau peu calcaire (7 ou 8 km pour se déposer) qui intéressa les romains pour alimenter la ville de Nîmes au moyen du célèbre aqueduc de 50 km à la pente constante.
Trois tracés de l’aqueduc ont été envisagés. L’un passant par l’oppidum de Marbacum (près de Russan) l’autre passant par le pont romain (ou plutôt roman) et l’ancienne route d’Uzès à Nîmes et le 3e adopté passant par St Maximin, Bornègre …

Le lavoir

Près de la source un bâtiment aux arcatures ogivales attira notre attention . C’était un ancien lavoir dont la construction en 1849 a été confié à un atelier de charité (pour occuper et rémunérer des indigents) qui fonctionna jusqu’à ce qu’on construise le lavoir sous l’Évêché. Avant, les lavandières venaient directement au bord de l’Alzon, les pieds dans l’eau (!) pour effectuer les grandes « bugades » et il existait une entente avec les meuniers qui devaient descendre et remonter les « bugadières ».
Bernard a fait circuler plusieurs cartes postales anciennes qui montraient la vallée de l’Eure avec les lavandières et le moulin mais aussi les pentes quasi désertiques car exploitées. Les moutons broutaient, les bouscasiers (bûcherons) coupaient le bois pour alimenter les fours à chaux, les charbonnières, boulangeries… un tout autre paysage.
Ils nous a appris aussi qu’en 1855 la ville de Nîmes a voulu acheter la source et tous les bâtiments Roussel, fort heureusement les uzétiens s’y sont opposés.

L’aqueduc

Le bassin de régulation de l'aqueduc romain
Le bassin de régulation de l’aqueduc romain

Continuant notre balade nous avons longé le canal de l’aqueduc et observé ses cotés couverts de mortier de tuileaux (argile concassée) et le badigeon d’étanchéité ou « malta » décrit par Pline. Il serait composé outre le sable, la chaux et l’oxyde de fer, de lait de figue, sève d’euphorbe et graisse de porc. Quelle recette !
Cet aqueduc n’aurait fonctionné que 150 ans. Le bassin de régulation découvert par des archéologues locaux, ouvrage exceptionnel servant à réguler et nettoyer le canal était couvert comme l’ensemble de l’aqueduc enterré et aérien.

Les autres moulins

La tour du Prévôt
La tour du Prévôt

Nous avons atteint ensuite un autre moulin bladier (à blé) le moulin du Tournal précédé par les traces d’un barrage ou resclause et signalant sur ses murs des marques de niveaux de crues (celle de 1789 étant étonnante). Vingt huit moulins étaient présents dans la vallée de l’Eure, certains bladiers, d’autres à foulon (à martinets) pour renforcer la solidité des tissus de laine ou pour faire de la pâte à papier. Plus loin le moulin de Gisfort prés de la rivière où un barrage faisait cascade, possédait une pouzarenque encore visible (directement dans l’Alzon).
Au passage Bernard attira notre attention sur les micocouliers dont on utilisait le bois pour faire des fourches ou comme son grand père, des colliers de mouton.

Château Bérard

Nous passons le long du château Bérard construit au 19e s, par un directeur de l’usine Zan. Construction composite : toit d’ardoise, brique, fenêtres à meneaux ; pour atteindre le moulin de Carrière ou de Bargeton (famille bien connu en Uzège et à Arpaillargues, dont un ancêtre fut le médecin de François 1er) qui vient d’être restauré et permet de voir les biefs, canaux et caves du sous sol.

Temple des Druides et carrière

Le "Temple des Druides"
Le « Temple des Druides »

Nous avons continué vers la grotte (ou temple) des druides, abri naturel de carriers dénommée à tort au 19e s ; comme la crypte (qui elle non plus n’a rien de paléo-chrétien).
La carrière des pins Bérard dont la pierre a servi à de nombreuses constructions est un beau site toujours fréquenté, en témoignent des sculptures récentes. Autrefois la pierre était extraite à l’aide de bois et d’eau qui faisait exploser le rocher et à coup d’escoude.

Vers le centre ville

Juste en face une très belle vue sur Uzès, et continuant par la rue de l’escalette nous sommes remontés vers le centre ville en passant devant l’ancien abattoir du début du 20e s. surmonté des armoiries d’Uzès, transformé en Usine Eminence puis en cuisines de l’Uzège. Nous sommes passés devant l‘ancien hôpital du 18e s ; construit par l’Évêque Baouin (son gisant est à la cathédrale) pour l’accueil des indigents. Après avoir longé une partie du barry (l’enceinte qui comprenait 4 portes), nous avons atteint le pavillon Racine construit par le Baron de Castille (amateur de colonne) où l’une des membres a fait la lecture d’une lettre d’Uzès puis nous sommes redescendus dans la vallée par le grand escalier après une petite pause sur le balcon de la marquise.

Cette belle balade dans cette vallée chargée d’histoire, fort bien guidée par Bernard Malzac s’est terminée par un agréable pique-nique au bord de l’eau. Visite à poursuivre peut-être à Marbacum ou à l’ermitage de Collias.

 

 

Pour aller plus loin :

 Quelques photos de la balade

 

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