
Visite de la Combe des Bourguignons, un site exceptionnel. Un parcours autour de la pierre sèche dans les garrigues de Marguerittes. (Le Domaine d’Escattes est reporté à l’an prochain)
Balade organisée par Annie et Philippe
RV à 14h à la salle polyvalente d’Arpaillargues et Aureilhac pour covoiturage

Malgré la chaleur revenue, un groupe d’une dizaine de Zébriniens s’est rendu à la Combe des Bourguignons dans la garrigue de Marguerittes, donc pas très loin de notre village, pour y découvrir un site dédié à la pierre sèche et à l’olivier, où nous attendait notre guide du jour.
Notre guide
Denis Forzi, qui habite le village depuis quarante ans s’est passionné pour ce lieu où il vient marcher tous les jours. Membre du collectif « Les sentinelles des garrigues », il s’est pris de passion pour toute la garrigue de Marguerittes qu’il essaie de défendre contre des projets de parc photovoltaïque. (Hélas nous nous trouvons confrontés nous aussi au même problème de déboisement commun à toutes les communes du département voire plus).
La Combe des Bourguignons
C’est un site redécouvert à la suite d’un incendie en 1989 car il était recouvert d’un maquis impénétrable de Chêne kermès, Salsepareilles, Arbousiers… Arbres et plantes hélas disparus, il ne restait que les pierres et tout le travail du petit peuple des garrigues est apparu. Ce vallon de garrigue était autrefois exploité par des familles modestes. Dès le 17e siècle les ouvriers agricoles appelés rachalans y cultivaient la terre. La commune de Marguerittes a engagé un programme de restauration et de mise en valeur , entretenu par un atelier d’insertion « Les oliviers » et soutenu par des associations. Un parcours d’interprétation de deux kilomètres a été crée jalonné d’une quarantaine de panneaux explicatifs.
Les rachalans
Cette combe est le témoignage du domaine des rachalans, ces travailleurs agricoles qui cultivaient dans la garrigue de petites parcelles. Ce terme semble propre aux garrigues nîmoises et marguerittoises, mais ce rachalan est bien proche du paysan de nos garrigues. Il leur fallait après l’avoir épierré, bécher le sol, le niveler, tailler la vigne, l’olivier, l’amandier, fumer ses cultures, récolter. Ce sont eux aussi qui construisaient terrasses, capitelles, mazets, béraux (canaux). Ils étaient souvent accompagnés d’un âne et d’un chien, quelques silhouettes dressées sur le site en témoignent. Ces rachalans devaient compter parmi eux une famille nombreuse peut-être, du nom de Bourguignon, qui a donné son nom à la combe.
Le sentier
Il commence entre des terrasses (ou faïsses) complantées d’oliviers et de ceps de vigne. Le paysage alentour est très proche de celui de l’Uzège. On pourrait se croire dans la garrigue d’Arpaillargues, même végétation et même pierres, quoique un peu différentes, plus fines, plus allongées ou équarries. De long murs de soutènement très bien construits se succèdent et nous allons cheminer le long de canaux , emprunter un sentier qui monte au travers de terrasses pour atteindre une grande olivette puis redescendre par un bois de pins et d’arbousiers et retrouver le début de la promenade tout en ayant découvert capitelles et mazets et admiré plantes et arbres.
Les canaux d’irrigation
Le fond du vallon (ou combe) présente un long canal de pierre sèche où doit couler un ruisseau intermittent (aujourd’hui à sec). Ce ruisseau, précise notre guide, va gonfler le Batardet qui se jette ensuite dans le Vistre. Marguerittes possède aussi de nombreuses sources et étrangement une zone marécageuse.
Les capitelles
Le sentier permet de visiter cinq capitelles sur les 133 recensées (dont 6 tines ou cuves). Elles sont de formes bien différentes de celles de notre village. De plan carré, aux angles parfois arrondis, elles sont plus basses et semblent plus rustiques. Leur porte est souvent décentrée, certaines possèdent une banquette de pierre, une cheminée dans le voûtement et une niche. L’une d’elles, dans la deuxième partie du sentier, nous a intrigués.
Nous dirigeant vers une grande capitelle, nous sommes passés par une sorte de sas de forme carrée en pierre sèche utilisé peut-être pour trier les moutons. Un escalier volant présent sur le grand mur voisin pouvait servir à la surveillance des moutons, ce qui confirmerait notre supposition, car il ne faut pas oublier qu’au 19e siècle ces garrigues comptaient 3000 brebis.
Les oliviers
Nous avons grimpé par le sentier jalonné de quelques escaliers sur les étroites terrasses plantées d’oliviers pour atteindre une grande olivette aux arbres bien taillés, presque trop… Comme il se doit, un oiseau en vol pouvait aisément y passer sans toucher les feuilles de ses ailes ! C’est un conservatoire variétal de l’olivier. Plusieurs panneaux sur les variétés et la culture y figuraient, rappelant les longs soins pour obtenir cette huile si appréciée aujourd’hui et si utile autrefois.
Les mazets (ou masets)
Deux masets se trouvent sur le site. L’un est transformé en lieu d’accueil de groupes ou même de bistrot (fermé ce jour là), l’autre, dans le bois de pins, d’arbousiers et de chênes, est le maset type. De plan rectangulaire il a une terrasse avec une tonnelle et à l’intérieur une cheminée, un évier et une citerne. Il était si accueillant que nous nous sommes arrêtés pour une petite pause bien agréable (que certains auraient bien poursuivie). Historiquement, les masets succèdent directement aux capitelles, ils ont la même fonction : abri, remise pour les outils ou les récoltes. Il fallait être un peu plus riche pour le construire, tuiles, charpente, mortier étaient nécessaires, alors que les pierres sèches des capitelles étaient gratuites et à portée de mains.
La balade s’est terminée avec un petit verre de citronnade bien venu pour rafraîchir les courageux zébriniens amateurs de pierre sèche et de patrimoine . Ce vallon, tout comme les sites de Caveirac, de Nages-et-Solorgues, Milhaud… ou de Vézénobres et de notre village, présente un bel ensemble de constructions de pierre sèche avec, là aussi, des particularités qui enrichissent notre connaissance sur le sujet et, comme notre guide nous l’a rappelé, il résulte d’un savoir-faire inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco depuis 2024.
Pour aller plus loin
Quelques photos de la visite
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