D’Arpaillargues à Saint-Domingue un village dans l’histoire 1788-1808

20 février 2023 à 17h : rencontre avec Jean-François Bianco et Estelle Raynaud autour de 10 ans d’histoire du village entre 1788 et 1808 retracés dans leur livre « D’Arpaillargues à Saint-Domingue, un village dans l’Histoire ». A partir de la correspondance entre Charles d’Agoult et François Boucarut. A la bibliothèque (salle polyvalente).

Ça c'est bien passé

L’assistance attentive

L’Histoire du village semble intéresser de nombreuses personnes, c’est ainsi qu’une trentaine d’Arpaillargois, pour la plupart, mais aussi de Zébriniens, se sont retrouvés à la Bibliothèque Poète Alfred Méric d’Arpaillargues et Aureilhac le lundi 20 février 2023.

Pour la deuxième fois, Estelle et Jean-François ont présenté leur livre édité aux Éditions de la Fenestrelle fin 2022 : « D’Arpaillargues à Saint-Domingue, un village dans l’histoire 1788-1808 ».

 

 

Estelle et Jean-François

Les conférenciers

Estelle Raynaud, bien connue pour sa participation aux « Mille-pattes », Association des parents d’élèves qui organise le Marché de Noël et le Vide grenier, travaille dans l’associatif après des études à Sciences Po et à la Sorbonne.

Jean-François Bianco est né et a vécu toute sa vie à Arpaillargues en cultivant ses terres. Curieux et passionné par l’Histoire et celle de son village, il a rassemblé de nombreux documents.

Le couple est tout à fait complémentaire. Estelle, précise et didactique, Jean-François, truculent et intarissable ! Ils constituent un duo très agréable à écouter. Ils ont bien su nous transmettre leur « passion » pour cette tranche de l’histoire du village.

 

Genèse du livre

D’Arpaillargues à Saint-Domingue

Jean-François conservait depuis les années 1990, un paquet de 34 lettres offert par Mademoiselle Madeleine Viala, dont il était le fermier. Elle même les avait héritées de sa famille. Longtemps oubliées, elles ont resurgi il y a peu de temps et ont passionné nos deux amis.  » C’est pièce à pièce que nous avons abordé ce grand puzzle historique, avec la surprise d’y découvrir peu à peu, à côté de la vie tranquille d’un village gardois, des images d’émeutes révolutionnaires, de colons à Saint-Domingue ou de campagnes napoléoniennes… »

Ils allaient tout deux de surprise en surprise. Entre les deux dates de ces courriers de 1788 à 1808 la France allait connaître « La Révolution, la 1ère République et la Terreur, le Directoire, le Consulat et l’Empire ». Elles révélaient la correspondance d’un seigneur Charles d’Agoult à son bayle Jean-François Boucarut.

Jean-François était chargé de déchiffrer les 34 lettres et Estelle commençait des recherches sur Internet, elle va vite se passionner pour cette sorte de « Chasse au trésor ». Tous deux ont longuement fréquenté les Archives Départementales et Communales. C’est un travail « colossal » qu’ils ont accompli en 9 mois (ça ne s’invente pas !)

 

Le village à la fin du 18e s – 19e siècle

Cadastre Napoléonien centre du village

La première image projetée est celle du Cadastre Napoléonien de 1812 (ou 1818) où on peut voir que le village était circonscrit au centre ancien de la commune actuelle. Le château des d’Agoult en occupait un bon tiers et celui des Bargeton (co-seigneurs) de même. Au centre se trouvait l’Église entourée du verger du prieur (autrefois cimetière). La Maison des Consuls était à proximité de l’église et la maison des Boucarut dans la rue basse. C’était une grande maison bourgeoise car la famille Boucarut avait des biens, en témoigne la liste des déclarations de revenus, projetée, en provenance des Archives Départementales. Le village comptait environ 300 habitants, les 2/3 protestants et pour l’essentiel des paysans.

 

 

Charles d’Agoult

L’auteur des lettres

Le Comte Charles d’Agoult faisait partie d’une vieille famille d’aristocrates du Dauphiné mais implantée à Arpaillargues depuis 1647. C’est un homme modéré qui évoque dans ses lettres son aspiration à la tranquillité. Héritier en 1786 du château et des dettes de son frère Henri-François d’Agoult qui s’est ruiné en travaux et en jeux d’argent, il décide de prendre sa retraite de Capitaine de frégate pour se poser et fonder une famille. Il vient d’épouser lors d’un voyage à Saint-Domingue (l’actuelle Haïti), une riche veuve créole Jeanne Perrine Bouché d’Orsay, propriétaire de plantations de cannes à sucre et de nombreux esclaves (300) . C’est ainsi que l’histoire de ce pays lointain, la plus riche des colonies au monde de l’époque vient interférer avec l’histoire du village.

Charles d’Agoult entretien une correspondance régulière avec son bayle pendant 20 ans.

 

Le bayle

Liste de la Garde nationale d’Arpaillargues

Jean-François Boucarut occupe la fonction d’intendant qui suit les relations avec les fermiers et les fournisseurs. Il a 28 ans quand il reçoit la première lettre. Il sait lire et écrire (comme beaucoup de protestants, alors que seulement 47 % des hommes et 37% des femmes savent signer leur acte de mariage). Charles d’Agoult semble lui témoigner une grande amitié et beaucoup de confiance. Il fait partie des notables du village, modérateur pour les Cahiers de doléances, adjoint au Maire, Chef de la Garde Nationale… doté d’un fort tempérament, et même si on n’a pas de portrait, on sait qu’il a de belles moustaches et mesure 1,55 m. Grand pour l’époque où la malnutrition occasionne une diminution de taille. Il fut condamné par contumace pendant « l’affaire d’Arpaillargues » en 1815 mais deviendra Maire en 1830 et décèdera en 1844. C’était un personnage attachant, à la destinée étonnante qui a séduit nos deux auteurs.

Au fil des courriers, le portrait d’une communauté villageoise se dessine mais aussi les évènements qui vont révolutionner la France tout comme Saint-Domingue.

 

 

Saint-Domingue

Saint-Domingue

Cette île, Hispaniola, découverte par C. Colomb en 1492 est située aux Antilles. Elle est partagée avec l’Espagne.

Dès le 17e siècle des colons français y installent des plantations de cannes à sucre et l’île devient une source de revenus essentiels pour l’État français. L’esclavage y est institué, ce qui va entrainer de nombreux troubles jusqu’à la proclamation de la Première République noire d’Haïti. Le livre vous éclairera entre autres sur ces évènements complexes et peu connus.

Les d’Agoult vont y perdre toute leur fortune ce qui va entrainer bon nombre de « désagréments », la vente du château et l’interruption de la correspondance en 1807.

 

Lettre de Charles d’Agoult

Épilogue

« Les petites histoires racontées par ces lettres rencontrent la grande Histoire de ces années mouvementées. »

L’assistance a applaudi les deux auteurs et leur éditeur Bernard Malzac. Tout le monde attend la présentation du prochain ouvrage qui sera peut être en 2024, centré sur les personnages du village ou sur la suite des évènements relatant la fameuse « Affaire d’Arpaillargues » de 1815 qui a été évoquée. Ce fut une soirée fort intéressante où beaucoup ont découvert un nouveau volet de l’histoire du village et de ses habitants.

 

 

Pour aller plus loin

 

Quelques photos de la conférence


 

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