17 avril 2024 – Visite d’Ambrussum

Le mardi 17 avril à 14 h

Visite du site et du musée d’Ambrussum, oppidum gallo-romain sur la Via Domitia près de Lunel.

Sortie organisée par Philippe avec un guide du Musée.

Rendez-vous à 13h20 salle polyvalente d’Arpaillargues pour covoiturage, ou 14h sur le site d’Ambrussum

 

Ça c'est bien passé

Vue aérienne du site Cop.DocProtoMidi

Nous continuons la découverte des sites gallo-romains en nous aventurant aux frontières du département, à Villetelle près de Lunel, pour découvrir enfin Ambrussum. Quatorze zébriniens ont donc bravé les chaleurs estivales du mois d’avril pour aller se balader au bord du Vidourle jusqu’au fameux pont Ambroix, grimper sur l’oppidum gaulois et visiter le musée.

 

 

Le groupe à l’écoute du guide

Le musée et son guide

Nous sommes accueillis dans ce musée, créé en 2011, par un jeune guide sympathique. Simon, co-directeur du musée, qui après nous avoir présenté l’évolution du site archéologique à partir d’un grand écran tactile, nous a accompagné sur le parcours toujours stoïque sous le soleil !

 

Le site archéologique

La voie Domitienne et le relais routier pendant les fouilles Cop. DocProtoMidi

Occupé dès le néolithique, le site devint un oppidum gaulois. A ses pieds, la voie Domitienne et le Pont Ambroix furent construits puis le site fut déserté et tomba peu à peu dans l’oubli. Ce n’est qu’au début des années soixante que les premières fouilles commencèrent sur un terrain privé offert ensuite à la commune de Lunel. Outre le pont et la voie romaine, un relais routier de la voie Domitia fut découvert.

 

La via Domitia

Cette voie romaine qui reliait les Alpes aux Pyrénées est la plus ancienne route romaine construite en Gaule vers 120 av JC par le proconsul Cneicus Domitius Ahenobarbus. Elle permettait aux romains de relier Rome à Cadix. Ici, elle reprend le tracé d’une voie plus ancienne, la voie Héracléenne. Tous les 20 kilomètres, un relais routier permettait aux voyageurs de trouver un lieu d’étape tout comme les aires et stations autoroutières d’aujourd’hui !

 

Le relais routier

Le relais routier

L’originalité de ce relais routier construit vers 30 av JC, est de ne pas avoir évolué en ville moderne. Ses vestiges n’ont pas été perturbés depuis son abandon au 5e siècle. C’est un lieu unique d’observation de l’équipement des étapes routières romaines. Le relais permettait le ravitaillement en vivre et en eau des hommes et des bêtes et la possibilité d’entretenir et de réparer les véhicules. Celui-ci comprenait trois auberges dont une hostellerie, relais de la poste impériale, une habitation, une forge, des thermes et un lieu de culte. Situé aux bords du Vidourle, fleuve parfois impétueux, il était en zone inondable. Les habitations ont subi les fameuses vidourlades et les habitants ont dû procéder en 10 av JC et 75 ap JC à de gros travaux de terrassement qui expliquent peut-être la hauteur de conservation des vestiges. Les auberges s’ouvraient directement sur la voie Domitienne par une entrée charretière, elles possédaient un puits, un four pour la cuisson du pain, des chambres et salles communes.
Dans l’espace consacré au culte, furent découverts un autel, de nombreuses offrandes monétaires, des lampes à huile et de petits ex-voto en pierre.
La forge devait permettre la réparation des roues, des outils et d’objets d’harnachement. Notre guide nous a présenté un objet curieux, une hipposandale, ancêtre de nos fers à cheval : c’était une sorte de semelle en métal qui pouvait être nouée aux pattes des animaux.

 

Le pont Ambroix

Le pont Ambroix

Construit par les romains vers 30 av JC, il succède à un pont en bois. Il faut l’imaginer beaucoup plus grand de 113 à 175 mètres de long avec 11 arches. Il permettait à la voie Domitienne de franchir le Vidourle. Encore utilisé au Moyen Age, il fut démantelé au 14e siècle par les habitants de Gallargues-le-Montueux et par les crues du fleuve. Les ouïes dans les piles servaient à laisser passer l’eau en cas de crues. L’avant-dernière arche est tombée en 1933 emportée par une vidourlade. Quelques illustrations le montrent à plusieurs époques avec quelques arches encore en place (bien loin de notre pont du Gard ! ). Aujourd’hui, seule l’arche centrale se dresse fièrement comme un arc de triomphe au dessus des eaux. C’est un lieu romantique peint par Gustave Courbet.

 

Nous grimpons par la rue pavée

L’oppidum

Porte Est du rempart et voie pavée

Quittant le bord ombragé du Vidourle, nous avons commencé à grimper sur la colline du Devès vers l’oppidum en passant par la porte Est du rempart aujourd’hui disparus. L’oppidum est une ville gauloise fortifiée en hauteur. Celui-ci est construit vers 300 av JC par les Volques arécomiques, tout comme Nîmes et Uzès. Ce peuple gaulois avait entouré la ville de remparts.

De belles voies pavées, construites au 1er s. ap JC par les romains, sont creusées de profondes ornières, marques du passage des chars et charrettes dont l’écartement correspondait à celui des roues. Un écartement normalisé encore utilisé de nos jours pour les voies de chemin de fer. Les ornières pouvaient être pré-creusées pour guider les véhicules dans les portions délicates comme les pentes et les virages, précise notre guide.
La rue principale et les rues adjacentes étaient bordées de maisons et de boutiques. Il faut s’imaginer être dans un espace urbain aujourd’hui envahi par la végétation de chênes kermès infranchissable. Rues et ruelles étaient entourées de champs et de vergers.

 

Habitation quartier sud

Les habitations

Le Forum ou place au portique

La rue principale débouche sur un vaste espace dallé comportant un grand bâtiment rectangulaire bordé de colonnes interprété comme le forum, lieu de vie publique, de marché, de politique et de justice qui comprenait une basilique civile et un petit bâtiment qui garde la trace d’un sol en opus sectile (recouvert de carreaux) disparu.

Les habitations

Plusieurs zones d’habitations fouillées sont disséminées sur la colline. Il y en aurait bien d’autres enfouies sous la végétation impénétrable. Les vestiges des maisons romaines construites vers 50 ap JC et abandonnées vers 100 ap JC sont ceux de vastes demeures à cour intérieure qui masquent les constructions antérieures. On peut y remarquer des dalles de seuil calcaire, des bases de colonnes, des foyers. Ces domus romaines sont plus importantes que les maisons gauloises qui disposaient d’une pièce unique et étaient faites de matériaux périssables. Beaucoup d’objets de la vie quotidienne trouvés (céramiques, lampes, fibules) sont visibles dans le musée. Sous la pierre d’un foyer servant à faire du feu et les repas a été retrouvée une urne contenant les restes d’un serpent. Ce rituel gaulois de protection témoigne de la persistance de la culture gauloise chez ses occupants romanisés.

 

Le rempart

Le rempart

Construit vers 300 av JC et remanié au 1er av JC, il a été construit par les gaulois. C’est le plus ancien vestige d’Ambrussum. Il faisait près d’un kilomètre, 635 mètres sont encore visibles. Construit en pierre sèche, il pouvait avoir 5 mètres d’épaisseur, 10 mètres de hauteur. Il comportait 24 bastions ou tours d’abord quadrangulaires puis arrondies. Sa fonction était militaire mais aussi politique et ostentatoire. Il ressemble énormément au rempart de l’oppidum de Nages, peu éloigné, présenté par Clément Martin en 2016. Ici aussi, des galets de fronde ont été retrouvés aux abords du rempart.

 

Table de Peutinger avec Ambrussum et Nemausus Cop.DocProtoMidi

Le Musée

Redescendant par la voie pavée ou plutôt encaladée, nous rejoignons l’ombre fraîche du musée avec plaisir. Une grande carte de Peutinger court sur les murs de la salle d’accueil. Le nom d’Ambrussum y figure marquant l’importance de cette cité. Cette carte ou Table de Peutinger qui date du 12 ou 13e siècle est un précieux descriptif du monde antique puisqu’elle reprend une ancienne carte romaine où figurent les routes et villes principales de l’Empire romain mais aussi le Proche Orient et l’Inde.

 

 

Salle muséographique

L’espace muséographique

Il présente de nombreuses vitrines contenant les objets trouvés pendant les fouilles : céramiques, verreries, outillages, objets d’artisanat (pesons), d’écriture, bijoux, de nombreuse monnaies et des vestiges néolithiques (silex, poteries…).
Au centre se trouve la maquette du pont Ambroix, ainsi que de nombreuses reproductions montrant une ou plusieurs arches. Une vitrine renferme la copie des fameux gobelets de Vicarello trouvés près de Rome. Quatre gobelets en argent en forme de borne milliaire qui énumèrent sur 4 colonnes gravées les étapes et les distances d’un itinéraire de Cadix à Rome. Ils indiquent la position d’Ambrussum (Ambrusio) à équidistance (XV milles romains) de Sextantionem (Castelnau-le-lez) et de Nemausum (Nîmes). Ils attestent aussi l’origine du nom de l’oppidum, romanisation d’un nom gaulois de provenance inconnue.
Une bonne place est attribuée à l’espace cultuel avec la représentation de Pétalé Antonia, le seul nom de personne découvert sur le site, celui d’une femme ayant dédié un autel à la déesse Fortuna (déesse de la fécondité et de la chance).
De nombreux petits tiroirs à ouvrir contenant toutes sortes d’objets attestent de la richesse du site.

Un site peut-être moins connu que ceux de Nages, Glanum, Vaison… mais pourtant exceptionnel.
Nous avons bien fait d’insister après plusieurs années de projets de balades reportés. Quelle chance d’avoir tant de sites antiques, médiévaux ou autres à découvrir dans la région. De belles sorties en perspectives.
Nous avons conclu cette belle visite sur la terrasse du musée par la dégustation d’un délicieux cake au citron apporté par Daniel, en discutant agréablement. Tous les plaisirs confondus !

 

Pour aller plus loin

 

Quelques photos de la visite

 

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