Musée de l’Arles antique 2014

Invités par Claude Larnac et son association Académie Pont du Gard, quelques membres de la Zébrine se sont rendus à Arles le samedi 18 janvier 2014, pour découvrir le chaland gallo-romain Arles-Rhône 3 et la nouvelle section consacrée à la navigation et au commerce maritime au temps de la colonie romaine.

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Ce bateau, naviguait probablement depuis quelques années sur une portion du Rhône allant du nord d’Arles (Arelate,) jusqu’à l’embouchure du fleuve dans la Méditerranée. Dans les années 50 ou 60, suite à une crue, il aurait rompu son amarre et aurait coulé, sans même laisser la possibilité aux marins de récupérer leurs objets personnels. Chargé de près de 30 tonnes de pierre de construction, le chaland s’est enfoncé dans le lit du fleuve, recouvert par le limon et le dépotoir antique (puis le dépotoir moderne). Cette « enveloppe » de protection a garanti néanmoins des conditions de conservation exceptionnelles.

Long de 31 mètres. Sa coque pèse dans les 8 tonnes (le poids dans l’eau étant au moins 5 fois supérieur à celui du bateau « à sec). Il est constitué de chêne et d’épicéa, pin, sapin (l’essentiel des flancs provient d’un même sapin d’une longueur de 40 mètres et âgé de 300 ans au moment de sa coupe). Un total de 1700 clous en fer et carbone « de très bonne qualité », d’après l’archéologue Sabrina Marlier, est utilisé sur l’ensemble de la construction. La proue, filiforme, est de seulement 16 cm de largeur à l’extrémité. C’est un élément de construction étonnant, unique sur un chaland gallo-romain, elle est renforcée par une armature en fer. Le fond est plat pour faciliter la navigation fluviale. L’étanchéité est renforcée par des tissus imbibés de résine de pin (poix). La cargaison de pierres de construction en calcaire, provenait des carrières d’Ernaginum, au lieu-dit actuel « Saint-Gabriel », à 15 km en amont d’Arles, sur la commune de Tarascon.

Découvert en 2004 par l’équipe de Luc Long, parmi une quinzaine d’épaves antiques, expertisée en 2005-2007, l’épave se trouvait sur la rive droite du Rhône, non loin des piles de la voie rapide, par 8 à 10 mètres de fond. Les fouilles débutent en 2008 dans les eaux sombres, froides, polluées et peuplées de silures du Rhône. Les archéologues déblaient des milliers d’objets sur 900 mètres cubes de sédiments, plus de 4000 amphores plus ou moins brisées, 816 lampes, 428 monnaies, des milliers de céramiques, un millier d’objets en verre, une centaine d’objets en bois appartenant à des gréements de navire. La décision politique de remonter complètement le navire est prise en 2010, pour l’exposer lors des manifestations liées à Marseille-Provence, Capitale européenne de la culture en 2013. Le financement est de 9 millions: 3 millions pour l’archéologie et la sortie des eaux, 6 millions pour le traitement à Grenoble et la nouvelle aile du MDAA (800 mètres carrés). Le chaland est classé comme « Trésor national ».

En 2011, l’opération de relevage est accomplie. La découpe du chaland en dix tronçons est nécessaire pour éviter que l’épave ne casse comme du verre. Son traitement par Arc Nucleart se poursuit jusqu’en 2013. Il est présenté au public en octobre 2013. Le navire est accompagné de 450 objets trouvés sur le site ou proches dans le Rhône dont des outils (serpe, houe), de la vaisselle de bord (dolium et sigillée) pour trois hommes, une monnaie votive, des éléments de navigation comme cet exceptionnel mât de halage en frêne de 3,70 m, le banc d’étambrai, la pelle de gouverne ou rame-gouvernail en chêne de 7,20 mètres qui s’était détachée et a été trouvée un peu en retrait de l’épave.

Il porte une dizaine d’inscriptions qui sont aujourd’hui à l’étude.

Le chaland gallo-romain Arles-Rhône 3 est une pièce unique, il rejoint le club très réduit des bateaux anciens remontés « intacts » des eaux, où l’on compte le « Vasa » (port de Stockholm), le « Mary Rose » de Portsmouth, la jonque « Nanhai 1 » de Canton actuellement restaurée en Chine et bientôt présentée dans un musée créé pour l’occasion, les bateaux vikings de Roskilde (Danemark).

La visite menée par une guide conférencière s’est terminée par le visionnement d’un film sur la restauration de l’épave et d’un déjeuner pris dans un restaurant du centre d’Arles face aux arènes, rejoint sous une pluie battante qui n’a pas découragée les membres de la Zébrine (petit escargot qui aime donc la pluie !).

Pour plus de renseignements le blog de Pierre Palomé ou celui du musée : www.arles-antique.cg13.fr

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