2 avril 2019 – Le Sentier des capitelles d’Uzès : de Carrignargues à la Montagne
Cairn La Montagne Uzès
Cairn sur le sentier des Capitelles de La Montagne Uzès

Avril en balade. Les Capitelles d’Uzès, de Carrignargues à la Montagne, avec Daniel Munck du Syndicat Mixte des Gorges du Gardon et Philippe Tiébot.

Après la traversée du quartier de Carrignargues aux longs murs de pierre sèche, visite du sentier des capitelles de la Montagne, un site peu connu rassemblant de nombreux enclos et cabanes ainsi que de mystérieux cairns..

 

Rendez-vous : 14 h au parking du Musée du Bonbon Haribo

Parcours de 5 km, Durée de la visite : 3 h. et 2 h. de marche

Ça c'est bien passé

 

Avril en balade 2019

Le Parcours

La balade du sentier des capitelles d’Uzès faisant partie des nouveautés d’Avril en Balade fut tout de suite complète et c’est donc plus de 20 personnes qui ont suivi Philippe Tiébot et Daniel Munch du Syndicat mixte des Gorges du Gardon et de la Zébrine sur les chemins de la garrigue Uzétienne.

 

En marche chemin de la garrigue

Carrignargues

Stationnant au carrefour du chemin de la Garrigue et du chemin de Saint-Maximin dans ce quartier de Carrignargues qui compte plus de 60 cabanes sur les 165 d’Uzès, nous avons d’abord observé la belle cabane « carrade » en calcaire coquiller juste au bord du chemin. Une cabane très bien bâtie, aux angles parfaits, qui pouvait être construite par un maçon et faire partie de ces cabanes de prestige appartenant à un propriétaire aisé. Une date, peu visible, sur le linteau indique 1824 (ou 1821).

La belle carrade
La belle carrade

Nous avons continué le chemin nous arrêtant à nouveau pour observer une cabane en ogive plus caractéristique de l’Uzège, dans son enclos. Même forme qu’à Arpaillargues, avec une porte surmontée d’un linteau formant larmier et d’un triangle de décharge. Même pierre que la précédente : un calcaire gréseux ou coquillier. Continuant le chemin nous nous éloignons des habitations car ce quartier d’enclos autrefois planté de vignes et d’oliviers est devenu un quartier résidentiel.

 

Pyramide à degrés

La Montagne

Nous évitons le DFCI trop pentu et aride pour emprunter tout droit un chemin parfumé, bordé de coronilles, de thym, d’aphyllanthes, de cistes… qui grimpe doucement dans la forêt communale et rejoint le chemin de Saint-Siffret. Nous atteignons le quartier de la Montagne où se trouve aussi de nombreuses cabanes. Nous nous arrêtons à proximité d’une ancienne citerne pour observer un grand amas de pierre sèche formant une pyramide à degrés bien endommagée. Mystère sur la destination de cet édifice, aucune ouverture. Tour de guet ou « viste » pour surveiller troupeaux ou oiseaux, cible pour certains selon la mémoire orale, mausolée pour d’autres, la question reste entière.
Poursuivant notre route par un petit sentier, nous longeons une cabane écroulée et nous atteignons un chemin plus large bordé d’enclos fermés où nous apercevons des cabanes et des maisons : c’est le chemin de Saint-Siffret et nous nous trouvons à la lisière du village.

Sentier des capitelles

Le sentier des capitelles d’Uzès

Nous atteignons enfin le Sentier des capitelles réalisé par la Municipalité d’Uzès et l’ONF dans les années 2000 -2010. Un panneau en bois signale sa présence et un fléchage nous invite à le suivre. La roche est différente, plus dure, plus sonore, géologiquement plus ancienne nous précise Daniel. Nous nous arrêtons pour observer la première cabane de forme ogivale, hélas endommagée par l’absence de linteau en pierre, remplacé par une poutre en fer insuffisante et par la disparition de l’arc de décharge, peut-être dérobé. Une restauration tout à fait faisable est indispensable car la construction est devenue dangereuse. L’intérêt de la nouvelle animatrice du patrimoine d’Uzès pour la pierre sèche va peut-être permettre cette restauration…
Nous poursuivons le sentier en contemplant les longs murs de pierre qui constituent des enclos communiquant entre eux et nous nous arrêtons devant une cabane adossée à un mur (c’est une des caractéristiques des cabanes de l’Uzège) qui a fort heureusement échappée à la chute d’un grand pin à ses pieds. Ces enclos autrefois cultivés, débroussaillés par l’ONF il y a quelques années, sont aujourd’hui envahis de chênes kermès, de viornes-tin, de pins… et demandent de l’entretien. De même que la cabane suivante, plus basse et de forme ogivale mais d’apparence biscornue. Elle présente un couloir d’entrée dont le linteau aurait disparu.
Sur les murs, à proximité, de petites constructions récentes de muraillers amateurs témoignent de l’intérêt pour la construction en pierre sèche.

Cairns

Les cairns

Mais nous remarquons surtout de beaux et solides cairns qui jalonnent le parcours. Ils sont parfaitement exécutés en forme de pyramides cylindriques pleines de pierre sèche. Ce serait, selon la mémoire orale, des cairns construits par des Indochinois à la fin de la dernière guerre. Venus relayer les hommes partis au front, cette main d’oeuvre indochinoise a été à l’origine des plantations de riz en Camargue et en Uzège aurait travaillée à la fabrication de charbon de bois et à la restauration des cabanes de la garrigue. [Un texte joint vous donnera quelques éléments sur la présence en France et à Uzès de ces vietnamiens].

Abris et clapas

Les abris

Nous continuons à sinuer dans ces parcelles boisées et nous atteignons un grand enclos où se trouve tout un ensemble d’abris et de murs. Un assétadou (siège) pour surveiller le troupeau bien abrité du vent et de la pluie et un petit abri voûté, tous deux incorporés dans un grand clapas construit avec un escalier étroit pour atteindre le sommet, une viste, pour surveiller peut être encore le troupeau ou faire la passée (chasse). Tout à côté une petite cabane basse et un abri à la porte particulièrement étroite, surmonté d’un chemin clapier, un chemin de pierres permettant de communiquer entre les parcelles et économisant la terre cultivable après épierrement bien sûr. Car toutes ces petites parcelles ont été soigneusement épierrées par le petit peuple des garrigues venu exploiter ces terres arides pour compléter un revenu tiré de l’industrie de la soie et de la laine au 18e et 19e siècle. Ceci en Uzège mais aussi dans toutes les régions où subsiste ce patrimoine de pierre sèche. (Voir, entre autre : Architecture vernaculaire en pays d’Uzège de C. Chabert & P. Tiébot, Ed. La Fenestrelle).

Grandes cabanes

Les Grandes capitelles

Les cabanes suivantes, plus grandes et accolées sont intéressantes, elles présentent d’énormes linteaux, dont l’un inquiétant est à restaurer. Nous pénétrons presque au complet dans la plus grande à la porte résolument de côté (et non centrale comme dans la plupart des cas) pour admirer la belle voûte à encorbellement (les pierres placées légèrement en débord pour former la voûte).
Les cabanes suivantes sont toutes dans le même état et méritent entretien (éloigner la végétation) et restauration.

Nous poursuivons le chemin bordé de cèdres où nous continuons à apercevoir des cairns et des murets remontés lors de chantiers de restauration sans doute à la création du sentier, et nous retrouvons le début du sentier balisé. Mais le temps passant très vite nous redescendons le chemin parfumé pour nous retrouver devant la belle « carrade ».
Une belle après-midi de balade bucolique dédiée à l’architecture de pierre sèche que nous défendons ardemment et que nous prenons plaisir à partager.

Cette balade est aussi une introduction à la manifestation sur la pierre sèche organisée tout le mois d’avril par les associations La Zébrine et L’Uzège, avec le concours du Syndicat mixte des Gorges du Gardon et du service Ville d’Art et d’histoire d’Uzès, intitulée Pierre sèche – Pierre taillée, Minorque – Uzège au Jardin Médiéval , à la Médiathèque et à la Maison du Patrimoine. (programme ci-dessous).

 

Pour aller plus loin :

 

Quelques photos de la visite

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