27 mars 2023 – L’Abbatiale de Saint-Gilles

Abbatiale de Saint-Gilles

L’Abbatiale de St Gilles, avec sa façade sculptée, sa crypte monumentale (véritable église souterraine) et son escalier en vis, est inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité au titre des biens en série des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France. Sa visite sera suivie par celle de la Maison romane .

Sortie organisée par Pascale et un guide du site.

RV : 12h30 pour covoiturage au parking de la salle polyvalente ou 13h45 devant l’office de tourisme

 

 

Ça c'est bien passé

Décidément nos pas nous portent vers le sud-est et la Camargue. Mais non pour y revoir les beaux flamants roses et les traditions camarguaises comme lors de la précédente sortie, mais pour y admirer la fameuse Abbatiale de Saint-Gilles.
Vingt huit zébriniens et amis se sont retrouvés le lundi 27 mars sur le parvis de l’abbatiale devant l’Office de Tourisme caché dans la maison des vins où nous attendait notre guide.

A la découverte de l’Abbatiale

Le guide

Jeune et sympathique Saint-Gillois, il connait bien sa ville natale et l’abbatiale qu’il nous a présentée dans le détail pendant trois heures. Il nous a même confié quelques souvenirs s’y rapportant.

 

La ville

Saint-Gilles est une petite ville (la 5e du Gard tout de même), située en petite Camargue entre le petit Rhône et l’étang du Scamandre. Même si aujourd’hui la ville a perdu de son importance, elle fut autrefois une ville prospère qui attirait de nombreux pèlerins. Elle est située au nord d’une agglomération antique, la Rhodanousia grecque, place commerçante près de l’embouchure du Rhône. Sa population se serait déplacée ensuite vers le site médiéval de Saint-Gilles qui prend son essor au 11e siècle grâce à la présence du monastère bénédictin. La ville connait une période de prospérité grâce au commerce, sa foire est réputée, elle devient une riche cité portuaire du bassin méditerranéen. Marchands, voyageurs, pèlerins assurent la renommée du Saint et de la ville. Elle devient le 4e lieu de pèlerinage de la chrétienté après Rome, Jérusalem et Saint-Jacques de Compostelle. On pouvait y accéder par plusieurs grandes voies de communication comme la voie Regordane et le chemin de Saint-Gilles.

 

Devant l’Abbatiale

L’Abbatiale

Le monastère influent et prospère est mentionné dès 814. L’abbaye doit sa renommée au pèlerinage du tombeau de Saint Gilles, le fondateur légendaire invoqué pour la guérison des infirmités, des maladies et des peurs.
L’église a la dimension des grandes églises de pèlerinage, aussi grande que la Cathédrale Saint-Trophime d’Arles. Longue de 95 mètres, large de 33 mètres en façade et de 40 mètres au transept.
Elle est bâtie sur une vaste église inférieure, la crypte ou église basse, réservée à la communauté monastique alors que l’église haute était ouverte aux pèlerins, qui avaient seulement accès au tombeau du Saint. Il y aurait même eu trois églises anciennes, une contenant le tombeau de Saint Gilles depuis le 10e siècle. L’abbatiale actuelle fut édifiée au 12e siècle, achevée au 13e s. mais bien endommagée pendant les guerres de religion et réédifiée au 17e siècle sous sa forme réduite actuelle. Les dégâts étant trop importants et les moyens plus réduits en raison de l’abandon progressif du culte du Saint, le chœur et le cloitre furent démantelés pour restaurer le transept. Ils furent aussi pillés pour servir de matériaux de construction de la ville.
Elle demeure un chef d’œuvre classée Monument historique depuis 1840 et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco au titre d’étape sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle depuis 1998.

 

Portail nord

Lecture de la façade

Il y a deux sens de lecture. De bas en haut : le soubassement, les apôtres, la frise et les tympans. De gauche à droite : du portail nord au portail sud.

C’est un « véritable livre de pierre, destiné à enseigner et à sublimer le dogme catholique ». La frise est consacrée à la passion du Christ. C’est un joyau de l’art roman bas-rhodanien. La finesse des sculptures et l’élégance des drapés, la richesse des décors inspirés de l’art antique sont vraiment remarquables. Il faudrait rester longtemps en contemplation pour découvrir toutes les beautés de cette façade. Hélas, buchées à la Révolution, les sculptures n’en sont pas moins admirables. Notre guide nous a fait remarquer quelques détails : le baiser de Judas, les marchants du temple, la Cène, les pièces de monnaie, qui ont permis de dater plus précisément l’édifice… et les restes de couleurs dont était recouverte la façade : l’ocre, le vert, le rouge et le bleu du lapis lazuli témoignant de la richesse des commanditaires. La pierre provient des carrières de Lens, de Barutel (Nîmes) ou du réemploi de constructions antiques car il n’y a pas de carrière à Saint-Gilles. Trois portes s’ouvrent sur la façade surmontées de trois tympans. Le tympan nord est consacré à l’adoration des mages et à la Vierge en majesté, le tympan central présente le Christ en majesté et le Tétramorphe (symboles des 4 évangélistes), celui du sud présente la Crucifixion.

 

L’ancien chœur

L’ancien chœur et la Vis de Saint-Gilles

Nous avons traversé l’église haute pour atteindre les vestiges de l’ancien chœur, vaste terrasse où demeurent quelques énormes bases de piliers sculptés de curieuses figures humaines et animales. Le guide nous indique, entre autres, la silhouette d’un homme blessé symbolisant sans doute les difficultés et accidents survenus lors de la construction. Il nous a également signalé une sorte de voûte, amorce d’un souterrain, qui, selon la légende, pouvait atteindre Arles, Aigues-Mortes ou Beaucaire, car comme tous les enfants Saint-Gillois, il avait joué dans ces ruines. En réalité il s’agit d’un accès creusé lors de la recherche de la chapelle axiale ! Au centre de l’ancien chœur se trouve l’autel et le buste de Clément IV, pape natif de Saint-Gilles.

 

Voûte de l’escalier en vis

L’escalier en vis

Quelques marches nous ont permis de grimper dans le fameux escalier hélicoïdal, remarquable par sa voûte, chef d’œuvre de stéréotomie romane et modèle générique d’escaliers dit de Saint-Gilles. Certains sont visibles à Uzès, au Jardin médiéval et à la Fenestrelle. Il est orné de nombreux graffitis compagnonniques.

 

Rencontre de Saint Gilles et Wamba

La légende de Gilles

Revenus dans l’église haute, nous avons pu, bien installés sur les bancs, contempler un grand tableau évoquant la légende de Saint Gilles. Athénien, de famille illustre, il aurait quitté son pays pour fuir sa renommée due à ses nombreux miracles et pour suivre l’enseignement de Saint Césaire à Arles et de Saint Vérédème sur les bords du Gardon (à la Baume ou Ermitage Saint-Vérédème à Sanilhac). Toujours fuyant sa renommée, il partit ensuite en quête d’un autre ermitage dans la vallée flavienne, près de l’embouchure du Rhône, où il vécut nourri du lait d’une biche. Au cours d’une partie de chasse du roi Wamba Flavius, la biche pourchassée se réfugia près de Saint Gilles qui fut blessé à la main par une flèche. Le roi, ému, offrit à l’ermite la vallée pour y bâtir un monastère dont il devint le premier abbé.

 

 

 

L’église basse

L’église basse ou crypte

Très impressionnante par ses dimensions, elle s’étend sous la nef de l’église haute et se trouvait au même niveau que le cloître disparu par où y accédaient les moines. Elle est décorée de remarquables voûtes sur croisées d’ogives avec un décor rare en ruban plissé. Elle comprend des stèles, des sarcophages antiques, un gisant, des statues de Saint Louis et de Clément IV, un puits accessible depuis l’église haute, le grand escalier des abbés du 16e siècle… et surtout le tombeau du Saint. Pendant toute la durée de notre visite, deux personnes sont restées en « prière » à notre grand étonnement. Il s’agirait en fait d’une séance d’énergie tellurique car l’abbatiale est aussi connue pour être un haut lieu cosmo-tellurique.
Nous sommes ressortis étonnés et impressionnés par cet immense édifice au passé si riche et complexe.

 

Les maisons romanes

La Maison romane

Sortis de l’abbatiale (un peu fraîche) nous avons traversé la place agréablement ensoleillée pour rejoindre la Maison romane, qui était, il y a peu de temps, un musée. Elle est datée de la fin du 12e siècle et serait attribuée à la famille de Gui Foulques qui deviendra pape en 1265 sous le nom de Clément IV. C’est un bel exemple de l’architecture civile romane bourguignonne. Elle présente une grande porte centrale surmontée de deux niveaux aux fenêtres géminées et au décor trilobé de rosaces… souligné par une frise de losanges.
Les deux maisons suivantes dans une ruelle à proximité sont en cours de restauration. Elles dévoilent des éléments médiévaux : tête de monstre et queue de dragon mais aussi une même fenêtre géminée avec un décor de cavalier. Ici aussi un très grand linteau éventuellement de porte et des arcs de décharge.
Ces belles demeures médiévales témoignent bien de la prospérité de la ville au Moyen- Age.

 

Bien fourbus au bout de trois heures de visite commentée, il nous restait à remercier chaudement notre guide et à nous en retourner en Uzège, la tête pleine de décors médiévaux, de légendes et d’admiration pour ce patrimoine né de l’esprit et de la main des hommes.

Merci à Pascale d’avoir organisé la visite et à Dominique pour ses photos.

 

 

Pour aller plus loin

Quelques photos de la visite

 

 

 

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