10 octobre 2020 – Visite d’Aubussargues

Aubussargues

Visite guidée du village d’Aubussargues par Jean-Christophe Galant professeur d’histoire et historien du village.

Rendez-vous : 10 h sur la place de l’église

 

 

Ça c'est bien passé

Place de l’église

C’est sur la place derrière l’église d’Aubussargues, par un temps superbe d’automne, qu’une quinzaine de zébriniens se sont regroupés pour suivre la visite de Jean-Christophe Galant.

 

 

 

 

 

Livre de Jean-Christophe Galant

Notre guide

Professeur d’histoire à Uzès, il est l’auteur (avec Mireille Olmière) des « Belles demeures d’Uzès » Ed. Presses du Languedoc. Il prépare d’ailleurs sur le même principe, un livre sur Aubussargues qui doit être bientôt publié aux Éditions La Fenestrelle.

Il est aussi issu d’une vieille famille du village qui habite la même maison depuis le 17e siècle : les Nouet. Il a donc fouillé dans les coffres des archives familiales, mais il a fait aussi un important travail de recherche notamment sur le compoix d’Aubussargues. Il a eu la gentillesse de nous faire partager le résultat de ce travail, en nous conduisant dans les ruelles du village en attirant notre attention sur les façades, les encadrements des portes et des fenêtres et en nous évoquant la vie des habitants qui s’y sont succédés.

 

Eglise d’Aubussargues

Le village

Sur cette place où se trouvaient l’ancien cimetière et le four banal, entre le château neuf et l’église, il a dressé l’histoire du village de 325 habitants dont la configuration n’a pas beaucoup changé depuis le cadastre napoléonien de 1811, en tout cas en ce qui concerne le centre ancien qui va du temple au quartier des escudières. La plupart des maisons figuraient aussi dans le compoix de 1669.

En 1380 le village comptait 6 feux c’est à dire 24 personnes en 5 ou 6 maisons puis le village s’est développé au 15e et 16e siècle.

Deux riches familles uzétiennes ont fait construire le château vieux et la maison noble de la coseigneurie au 14 et 15e siècles : les familles Milon, puis de Joannis (riches nobles de Naples devenus protestants, qui ont dirigé la communauté protestante de l’Uzège). Ensuite la famille des de Vergèze à partir de 1570. Riche famille dont l’un des membres acheta une bel hôtel particulier à Uzès. Notable, il fut à la révolution le héros royaliste de la Jalesada.

 

Le château neuf

Le château neuf

qui succède au château vieux est bien visible de la place. Il fut construit au 17e siècle et avait l’apparence d’un château provençal d’après un daguerréotype de 1860. Possession des de Vergèze, puis des Boileau de Castelneau, il passe ensuite par les femmes aux de Valfons puis aux d’André et c’est toujours leur héritier qui le possède.Il ne reste du château d’origine que quelques voûtes, des fenêtres et les tours qui furent rehaussées et coiffées de mâchicoulis et de tuiles d’ardoises, ce qui lui donne un air angevin. La vicomtesse d’André, qui le fit reconstruire de 1897 à 1904 grâce aux assurances, après un terrible incendie dû à la foudre, avait, dit-on, un gendre directeur d’une manufacture d’ardoises ! Mais c’était aussi la mode de l’époque d’utiliser l’ardoise, comme au Château Bérard ou à celui de St Victor-des-Oules. L’immense moulin à huile qui y était accolé a disparu pendant les travaux et le bâtiment abrite aujourd’hui les cuisines. Une vingtaine de personnes y habitaient au 19e siècle, c’était un château ouvert sur le village : des anciens se souviennent bien être allés se promener dans le parc. Aujourd’hui il est bien fermé de hauts murs : d’autres temps, d’autres mœurs !

La vicomtesse d’André a fait aussi construire un petit oratoire dans la garrigue appelé la Madone, en remerciement d’une guérison grâce à une source proche. C’est un lieu de balade que connaissent bien quelques zébriniens.

 

Porte du château vieux

Le château vieux

vu de l’autre côté de la place, il reste peu de chose du bâtiment de 1000 m² inclus en partie dans le château neuf et dont les pierres ont été réutilisées : une belle porte au coin de la rue du temple du 16e s., quelques encadrements de portes et de fenêtres en quart de rond du 13e siècle, les plus anciens vestiges du village et une jolie cheminée sarrasine du 14e s. qui coiffe le bâtiment de l’autre côté de la rue du temple. L’ancienne maison forte fut transformée en ferme du château neuf. Elle en est séparée par la rue du temple construite pour y accéder.

 

 

Le temple

Le Temple

en poursuivant la rue ouverte en 1830, on peut découvrir le temple protestant construit en 1845. Il est grand et sa façade est imposante avec deux colonnes doriques surmontées d’un fronton et d’un petit clocher coiffé d’une croix huguenote. Le village fut autrefois tout protestant à la suite du seigneur et c’est ainsi que l’église devint temple à partir de 1591 jusqu’en 1685 (Révocation de L’Édit de Nantes).

Le temple se trouve aux limites du bâti du village : les Ubizes.

 

 

 

Le puits médiéval

Le puits

Revenant sur nos pas nous sommes passés par la rue du puits dans ce quartier de poulonge (puits long, profond) où se trouve le plus vieux puits du village (du moyen âge) juste devant une très grande maison du 17e siècle complétée d’un moulin à huile au 19e siècle. Un système d’écoulement de l’eau original permettait d’alimenter l’abreuvoir de la maison voisine qui appartient aujourd’hui à l’ancienne ministre de l’environnement Corine Lepage.

De nombreux puits ou citernes sont encore visibles dans le village.

 

Boucher et fournier

en poursuivant dans la ruelle fleurie on est passé devant la boucherie où on abattait et vendait la viande. Par contre il n’y avait pas de boulangerie mais un fournier qui avait la charge de la « cuite ». Par contrat avec la mairie le fournier faisait la cuisson du pain le mercredi et le samedi. Il passait dans les maisons récupérer les pâtes et livrait les pains cuits dans le four derrière l’église.

 

Pigeonnier du seigneur

Pigeonniers et moulins

Outre les châteaux et la maison noble, sont considérés comme biens nobles les pigeonniers et les moulins en raison de leur rapport élevé. Un moulin fut vendu au 18e siècle 17000 livres, c’était le prix d’un bel hôtel particulier à Uzès.

Il reste encore plusieurs moulins à Aubussargues. Celui que l’on peut voir de la route à la limite de Bourdic était un moulin à vent pour le blé.

Le moulin à eau sur le Bourdic fut racheté par la famille Chalier, famille de meuniers dont une branche est venue s’installer à Arpaillargues.

Le moulin à huile du 19e siècle de la rue du puits est resté dans son jus, il fonctionnait à la vapeur. Le moulin disparu du château était un moulin à sang, il fonctionnait par la traction animale.

Nous avons pu voir trois pigeonniers, l’un des de Vergèze dans la Grand’rue qui date du 17e s.  , deux autres inclus dans les bâtiments. Les pigeons étaient élevés pour leur chair mais aussi pour leur fiente, la colombine, excellent engrais naturel très recherché. Les pigeonniers comportent des randières (pierres saillantes) pour protéger des rongeurs.

 

La place de l’église

Autrefois s’y trouvaient trois cafés (Roussel, Clavel et Hours), un énorme griffe (fontaine) et un abreuvoir détruits dans les années 40 ou 50. Des cartes postales anciennes témoignent de son animation dans les années 1920.

 

L’église

Elle se présente en une seule nef avec une voûte en berceau, mais devait posséder des chapelles latérales qui ont disparu à la Réforme lorsqu’elle devint le temple de la RPR (religion prétendue réformée).

Elle fut restaurée au 20e siècle comme de nombreuses églises de la région.

 

La clastre

La clastre

ou presbytère, maison du prieur, est une très longue maison. Elle fut la possession de la famille Bouet, des notables protestants dont un des membres fut Maire, a rédigé les cahiers de doléances et dirigé le village pendant la Révolution.

En 1860 la famille Mathieu double sa longueur par l’adjonction de magnaneries car ils se sont lancés dans le commerce international en important des vers à soie de Roumanie et de Russie. Hélas les vers ont contracté des maladies ce qui a donné lieu à de nombreux procès.

La maison fut vendue en 1990 par cette même famille en deux lots.

 

Maison Audibert

Datée de 1620 elle présente des encadrements de fenêtres du 16e s. avec chanfrein sur de gros blocs construits par des maîtres maçons, des voûtes en berceau et une galerie (terrasse couverte avec colonnes).

Elle fut un temps la propriété des Nouet dont nous allons reparler.

 

La Mairie

continuant par la Grand’rue nous passons devant plusieurs maisons dont les portails sont surmontés de dates du 18e siècle et nous atteignons la Mairie qui fut une maison particulière mais aussi l’école. Elle devint l’Hôtel de la mairie en 1907 quand l’école fut construite.

 

Fenêtre Renaissance de la maison Nouet

La Maison noble Nouet

Presque en face de la mairie se trouve la coseigneurie où se sont succédées les familles Milon, de Joannis, Vergèze et enfin Nouet.

La maison fut vendue à Louis Nouet maître cardeur en 1676, pour la somme de 450 écus d’or pour financer l’installation des enfants de Vergèze partis vers le refuge en Irlande.

La famille Nouet est aussi une famille protestante dont certains membres sont envoyés aux galères mais qui ont pu tout de même conserver leur maison et reconstituer leurs biens. Les Nouet roturiers ont donc possédé une maison noble exonérée d’impôts.

La façade présente encore une magnifique fenêtre Renaissance et de grandes portes modifiées au 19e pour laisser passer de plus grosses charrettes.

A l’intérieur elle conserve une tour arasée au 19e s. , une porte torsadée du 15e s. rare, et une cheminée avec écu armorié IHS.

 

Les masades

Les masades

Au bout de la Grand’rue se trouve une maison aux fenêtres néogothiques du 20e s. facilement remarquable mais bien contemporaine. Nous avons continué jusqu’aux masades, ces longs mas construits après le quartier des escudières par le Maire Mathieu (celui dont l’ancêtre a incendié le château à la Révolution) en 1845 dans le but d’y installer des habitants du village. Ces mas sont tous construits sur le même modèle avec des cours au sud et sont vendus par lots. Une initiative rare dans la région.

La rue descend vers le Bourdic où se trouve le lavoir que l’on peut voir de la route de Serviers.

Un peu fourbus, nous sommes revenus vers la place de l’église où nous avons remercié chaleureusement notre guide, d’avoir non seulement transmis ses connaissances mais d’avoir su éveiller notre regard à l’archéologie du bâti. L’ histoire des maisons et de leurs habitants sont aussi révélés par les pierres. Ce qui est bien fait pour nous plaire, nous, muraillers et amateurs du patrimoine.

 

Pour aller plus loin

La presse en parle

article Républicain d'Uzès du 15 au 21 octobre 2020

Quelques photos de la visite


 

 

 

 

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