Conférence : Le symbole ou l’écriture du secret

Conférence : Le symbole ou l’écriture du secret

Conférence : Le symbole ou l'écriture du secret

Conférence de Martine Pastor : « Le symbole ou l’écriture du secret  », le lundi 24 novembre à 17h à la bibliothèque Poète Méric (salle polyvalente) d’Arpaillargues. L’entrée est gratuite.

« Le symbole raconte toujours une histoire. Mais ce récit sans parole ne peut exister sans l’attention d’un cœur à l’écoute. Sans la vigilance d’un regard grand ouvert ».

Dans toutes les traditions, depuis l’aube de l’humanité, le symbole est présent : il traduit en images ce qui ne peut se dire en mots. Il donne, sinon des réponses, du moins des indices, aux grandes questions que se pose l’homme sur sa réalité et celle de l’univers. Certains symboles nous sont familiers, d’autres sont devenus mystérieux, comme les symboles celtes, égyptiens dont nous n’avons pas toujours les clés. D’autant que le symbole joue souvent à cache cache. Il peut se cacher dans l’obscurité d’un temple ou bien, comme la Tour Eiffel, être si évident et si grand qu’on ne le voit plus. C’est donc une partie de cache-cache, doublée d’un jeu de piste, que propose la conférence du 24 novembre, au travers d’images connues ou énigmatiques, dans des traditions lointaines ou dans nos églises romanes.

Martine Pastor a longtemps travaillé dans le patrimoine comme responsable d’une ville d’Art et d’Histoire puis pour le ministère de la culture. Aujourd’hui elle continue d’étudier (notamment les symboles) et travaille à temps partiel comme grand-mère.

L’entrée est gratuite.

🍵 Un petit thé de l’amitié clôturera l’après midi.

Ça c'est bien passé

Un public à l’écoute

Malgré la froidure d’une journée automnale, plus de trente personnes sont venues écouter Martine Pastor dans la bibliothèque du village, nous présenter ce terme mystérieux, complexe et universel : le symbole. En sous-titre, elle a précisé que Le symbole raconte toujours une histoire. Mais ce récit sans parole ne peut exister sans l’attention d’un cœur à l’écoute. Sans la vigilance d’un regard grand ouvert ».

 

Un curieux Abbatiale Sainte-Foy Conques

Les curieux

Les curieux de l’Abbatiale Sainte-Foy de Conques, que Martine a choisis pour illustrer l’annonce de la conférence, symbolisent justement ce regard grand ouvert. Comme tous ces petits personnages espiègles, toute l’assistance présentait cette attitude d’observation curieuse et de soif de connaissance.

 

 

Martine Pastor avec un symbole à la main

La conférencière

Martine Pastor fait partie de l’association la Zébrine depuis un peu plus d’une année. Elle a participé à plusieurs sorties et lors de la visite de Vallabrix, nous a proposé de faire une conférence sur les symboles. Bien sûr nous avons sauté sur l’occasion d’approfondir nos connaissances sur ce sujet. Elle a travaillé longtemps dans le patrimoine pour la ville de Fécamp, ville d’Art et d’Histoire en Normandie et pour le Ministère de la Culture. Ses remarques éclairées lors de nos sorties présageaient une conférence riche en découvertes sur un sujet large et souvent énigmatique.

 

 

Un symbole : tesson coupé en deux

Le symbole, origine

Martine a commencé par nous présenter deux petits tessons de poterie joliment colorés, qui, une fois réunis, s’emboitaient parfaitement. « Voilà un symbole » dit-elle devant nos regards surpris car le mot symbole vient du grec sùmbolon  à une époque où le papier n’existait pas, on cassait un morceau de poterie lors d’un contrat. En rapprochant les deux parties, des années plus tard, les porteurs reconnaissent un pacte passé antérieurement. Le symbole est donc un gage, un signe de reconnaissance. Il faut recoller les morceaux pour entrer en contact, en relation. Il faut être introduit, initié pour voir le symbole.

 

Les symboles

Martine a ensuite décliné quelques symboles, des plus connus aux plus rares : poisson, pomme, croix, … couleur et même Tour Eiffel, pour nous faire comprendre que le symbole peut être multiple, détourné, qu’il peut être si grand ou si petit qu’il passe inaperçu et qu’il peut avoir des incidences économiques ou historiques et surtout qu’il faut être initié pour le comprendre.

 

Poisson gravé

Le poisson

Signe de reconnaissance, il est présent dans les catacombes où les premiers chrétiens pouvaient se cacher en sécurité. En Grec c’est un acronyme qui évoque le nom de Jésus… du Sauveur.

 

La pomme

Ce symbole du péché pour les chrétiens est en fait un terme qui a souffert de son homonymie. En latin, « malum » signifie la pomme mais aussi le mal. C’est pourquoi il n’y a pas de pommes sculptées sur les armoires normandes, (pays grand producteur de pommes) mais plutôt des grenades symboles de fertilité.

Graffiti anti chrétien

La croix

C’est le type même du symbole multiple et universel.
Pour nous, il est aujourd’hui évident que c’est un symbole chrétien. Mais ça n’a pas été toujours le cas. Une croix était un instrument de torture infamant réservé aux esclaves . Le graffiti d’un homme à tête d’âne crucifié en témoigne : il se moque d’un chrétien.
Ce signe a évolué avec Constantin qui aurait eu la vision d’une croix de feu dans le ciel devant lui apporter la victoire. En un basculement, le signe devient glorieux pour représenter le christianisme.
Au début, comme sur une croix en Irlande, le Christ n’était pas représenté crucifié en souffrance mais plutôt en bénédiction. Ce n’est qu’à partir du 13e siècle qu’il est représenté souffrant, le peuple qui souffrait pouvait s’y identifier.

Tableau de Salvador Dali

Dans les représentations contemporaines, Martine a choisi une œuvre de Dali qu’elle apprécie où le Christ est représenté en surplomb. Son corps est lumineux. Pas de clous ni d’épines. Le Christ semble en lévitation.

 

Les croix dans le monde
Les croix mayas

Avec humour Martine déclare que la croix n’est pas très « catholique ». On la retrouve dans le monde entier, comme au Mexique. Chez les Mayas au Yucatán les tombes sont ornées de croix végétales qui évoquent l’épi de maïs. Ce qui les a induits en erreur à l’arrivée des conquistadors car ils ont cru reconnaitre leur propre symbole sur leurs étendards.

 

Croix ankh

La croix égyptienne ou Ankh

Cette croix reproduit un hiéroglyphe qui signifie « vie » ou « je suis ». On retrouve ce sens et ce mot en hébreu dans l’un des premiers mots du décalogue Anokhi. Le hiéroglyphe est un idéogramme, un dessin qui évoque la réalité du mot mais dont il y a plusieurs hypothèses d’interprétation qui se superposent et sont complémentaires.

 

Savstika sur des sceaux africains

La croix Svastika

C’est un symbole dans toutes les cultures et traditions. En sanskrit cela signifie prospérité, bonne fortune. C’est un signe universel détourné par les nazis qui en ont fait leur croix gammée. De même, le signe de paix, geste d’apaisement lui aussi a été détourné en salut nazi.

 

Tour Eiffel croquis

La Tour Eiffel

Ce symbole est tellement grand qu’on ne le voit plus. C’est un symbole franc-maçon conçu par la loge Alsace-Lorraine dont Gustave Eiffel, Jules Ferry… faisaient partie. Son dessin triangulaire forme trois étages, les trois degrés de l’initiation : apprenti, compagnon et maitre. Cette tour montre la grandeur de la technique, l’intelligence de ses concepteurs et la victoire sur l’Église. Le Sacré Cœur, construit à la même époque pour « resacraliser la France » après la Commune, apparait symboliquement comme un rival direct de la Tour Eiffel.

 

Persépolis la seule représentation féminine

Tout petit symbole féminin

La seule représentation féminine trouvé dans la ville de Persépolis, capitale de la Perse, édifiée par Darius 1er mesure quelques centimètres. Le site occupe 13 hectares… Elle se trouve au centre du moyeu d’une roue d’un char royal. Place ridicule ou place de choix ? A en croire Lao Tseu, contemporain de Darius 1, c’est le moyeu qui fait tourner la roue…

Aspect économique

A partir d’une couleur la conférencière a précisé l’incidence économique des symboles étudiée par l’historien de symboles Michel Pastoureau .

Le bleu

La couleur bleu est devenu à la mode alors qu’elle a été longtemps déconsidérée au profit du rouge et du vert jusqu’à la fin du Moyen Age. Tout a changè au 12e t 13e s., quand la Vierge Marie a pris une place énorme en devenant la mère universelle. Elle habite le ciel et porte une robe bleue. Tout le monde va vouloir s’habiller en bleu. On obtient cette couleur en cultivant la Guède dont les feuilles sont séchées et transformées en coque (d’où pays de cocagne). Les régions qui cultivent la Guède deviennent très riches (Picardie, Toulouse…) et périclitent au 18e s., quand l’Indigo est découvert, transitant par les villes portuaires qui s’enrichissent. Le bleu serait aujourd’hui la couleur préférée (drapeau de l’Europe, de L’ONU…)

Escargot sur un chapiteau roman

Clin d’œil à la Zébrine

Ce petit escargot qui vit dans la garrigue a évoqué un autre escargot découvert sur un chapiteau dans le chœur d’une église romane, de même que sur un tableau de Francesco del Cossa, en vedette au pied de la Vierge. C’est un symbole de fertilité, hermaphrodite, il se rapproche de la Vierge auto-fécondée. La spirale de la coquille évoque l’idée cyclique de progression.

 

Martine a insisté sur la mise en garde de toute interprétation figée. Il n’y a pas de clef des rêves comme il n’y a pas de clef des symboles déclare-t-elle. Le symbole peut changer selon les époques, il peut être ambivalent. Il faut être vigilant pour ne pas passer à côté mais ne pas tomber dans des interprétations mystiques et fallacieuses. « Le symbole vit. Il nait, il vit et meurt tout comme l’homme ».
On aurait pu prolonger la conférence par l’étude des chapiteaux romans qui sont un parcours initiatique, un cheminement spirituel. Mais Martine a pensé que la conférence serait trop longue. C’est ainsi qu’elle nous a proposé une deuxième conférence en 2026 : le symbole dans l’art roman. Ce qui serait en outre un prolongement de nos sorties sur l’art roman de 2024 et 2025.

Notre conférencière a ensuite conclu par une pirouette en déclarant avoir tenté de donner une définition du symbole, et nous a rappelé que dans le mot définir il y a le mot FIN !
Elle a été applaudie !

C’est aussi ici que se termine ce compte rendu, résumé sûrement lacunaire mais qui, je l’espère, nous permettra de nous en souvenir et de réfléchir sur le sujet.

 

 

Quelques photos de la conférence.

 

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