Stage pierre sèche 2011

Stage pierre sèche 2011

Stage de restauration d’un mur de pierre sèche à Arpaillargues sur le Sentier des Conques.

Le dimanche 3 avril, l’association La Zébrine, association de valorisation du patrimoine rural, organisait une journée d’initiation à la pierre sèche sur Arpaillargues. Encadrée par Didier Rieux, artisan de la pierre sèche, membre de la « Confrérie des bâtisseurs en pierre sèche », la journée avait attiré une douzaine de participants voulant s’initier ou parfaire leur technique de construction de mur sans liant. Didier Rieux s’est formé à la technique au côté de Maurice Roustan, bien connu dans le milieu de la pierre sèche, principalement en collaborant à la réfection des murs de soutènement du chemin de la Torte à Collias.

L’objet des travaux pratiques : la restauration d’une partie d’un mur qui longe le sentier d’interprétation des Conques. A plusieurs endroits, le mur avait souffert de l’invasion de la végétation et du manque d’entretien, destin commun à de nombreux murs d’enclos qui maillent la garrigue au nord de la commune. Le week-end précédent, nous avions préparé le chantier en débroussaillant les abords et démonté la partie instable du mur sur environ une dizaine de mètres de longueur pour retrouver une assise plane et stable.

La restauration d’un mur de pierre sèche doit se faire dans le respect de l’art des bâtisseurs et de l’environnement dans lequel il s’inscrit. Nous avons la chance à Arpaillargues d’avoir de belles pierres en calcaire dur souvent équarries et faciles à travailler.

Préparation du chantier

Les pierres de restauration sont récupérées dans l’environnement immédiat (bien sûr pas dans le mur voisin !) : en général on les retrouve au pied du mur, entassées dans un éboulement ou enfouies sous la couche d’humus (sauf quand elles ont été pillées… et dans ce cas il faut chercher ailleurs). Lors de la préparation du chantier, on s’attache à trier ces pierres, par exemple en 3 tas : les belles pierres pour les parements, les dalles pour le couronnement du mur et les petites pierres pour le remplissage. On met de côté également les petites pierres de calage très utiles pour stabiliser l’assise des pierres de parement : éclats de pierre effilés, en coin.

Les parements

Le mur du sentier des Conques fait en moyenne 1m 65 de hauteur. Pour assurer sa stabilité, la verticalité des parements doit suivre une pente appelée le fruit. C’est ce qu’on observe sur les parties encore intactes du mur : celui-ci fait environ 1m20 à la base et 60 cm au sommet, couronné par des dalles plates. Le mur est remonté en menant les 2 parements en même temps : la face plane des pierres les mieux équarries vers l’extérieur en veillant à ce que chaque pierre pose sur 3 points d’appui et en calant si nécessaire avec des pierres de calage. En respectant une légère inclinaison des pierres de parement vers le centre du mur et en alternant pierres panneresses et boutisses on renforce sa solidité : la panneresse posée longitudinalement et la boutisse perpendiculairement, si possible de part en part. Il faut éviter les alignements verticaux des jointures, ce qu’on appelle coup de sabre. Pour cela les pierres sont empilées en imbrication en essayant de faire reposer chaque pierre à cheval sur deux ou trois pierres et en respectant le « fil » de la pierre .

Le remplissage

Au fur et à mesure que l’on monte le mur, les pierres de remplissage, pierres non facées ou trop arrondies pour venir en parement, viennent combler l’espace entre les 2 parements en veillant à bloquer les pierres entre elles pour consolider le mur : aucune pierre ne doit « jouer ».

Le couronnement

Les grosses pierres plates mises de côté lors de la préparation du chantier viennent terminer l’ouvrage. Elles peuvent être posées en clavade, dressées les unes à côté des autres, ou à plat, comme dans l’exemple de notre mur.

Les outils et ustensiles

Pour organiser le chantier et faciliter le travail de la pierre le recours à l’outillage du carrier et à quelques instruments est nécessaire et facilite le travail. La barre à mine aide à l’extraction ou au déplacement de grosses pierres ; la masse, le burin, le ciseau, le têtu ou la chasse permettent de refendre, tailler ou aplanir les pierres ; le cordeau guide pour l’alignement du mur.

De l’avantage des murs en pierre sèche

Outre le côté esthétique du mur en pierre sèche (à condition que la réalisation soit irréprochable…) celui-ci présente des avantages non négligeables par rapport à d’autres constructions comme le mur maçonné ou bétonné. Sa nature drainante liée à l’absence de mortier permet à l’eau de ruissellement de s’écouler lentement sans atteindre sa solidité. La souplesse de sa structure lui confère une bonne résistance aux pressions et vibrations. N’utilisant pas de liants et recourant exclusivement au travail manuel, la construction en pierre sèche consomme peu d’énergie et participe au développement durable. Enfin, elle permet véritablement un travail créatif et procure de grandes satisfactions une fois l’ouvrage terminé, comme ont pu l’exprimer les participants à ce stage d’initiation : il n’y a pas à dire, à bien regarder, qui pourrait distinguer la partie restaurée de la partie ancienne ?

A la demande de certains participants ou d’autres personnes n’ayant pu assister à cette première sortie « pierre », l’association La Zébrine projette d’organiser d’autres chantiers. Toute personne intéressée peut se rapprocher de l’association.

 > Quelques photos du chantier

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