25 mai 2021 – Visite du sentier des Combes de Nages-et-Solorgues

Nages et Solorgues

Découverte d’un sentier de capitelles et murs de pierre sèche guidé par les membres de l’association Nages, garrigues et pierres sèches.

Rendez-vous : 14 h 30 sur la place de la mairie

 

 

Ça c'est bien passé

Zébriniens au pied du grand mur drainant

Bien content de se retrouver enfin pour une nouvelle sortie, un groupe de seize personnes a rejoint, sur la Place de la Mairie de Nages-et-Solorgues, Christian et Dominique Abrial, deux membres de L‘Association Nages, garrigues et pierres sèches mais aussi du Collectif des garrigues où nous les avons rencontrés.

Nages-et-Solorgues est un village de la Vaunage à une quinzaine de kilomètres de Nîmes.

 

 

 

La Combe de Saint Dionisy

Le sentier de la Combe de St Dionisy

Comme en 2016 avec Clément Martin nous avons suivi la rue puis le chemin de l’Oppidum jusqu’à la Fontaine romaine, ou source du Ranquet, utilisée dès le 8e siècle Av JC. Nous avons cheminé dans la Combe de St Dionisy en suivant et empruntant le lit du ruisseau de Lagau, sorte de petit torrent bien caillouteux bordé de coteaux rocheux où nous avons pu observer deux boulidoux, résurgences qui jaillissent par forte pluie (mais pas de risques d’éclaboussures par ce beau temps !).

Le sentier grimpe doucement dans la combe qui autrefois était dédiée au pastoralisme alors que l’autre partie de la colline, plus haut, l’était à la culture. Difficile, bien sûr, de cultiver cette pente rocailleuse couverte de pins, arbousiers, viorne tin, sarriette et thym, une végétation bien proche de celle d’Arpaillargues (la pente en plus !)

La montée s’est intensifiée pour atteindre le plateau en passant près d’une ancienne carrière peut-être de meules, d’où le nom de « Combe des moles » (=meules).

La récompense de la montée en pleine chaleur (ouf !) est la vue : sur les premières murailles de pierre sèche de l’Oppidum mais aussi sur la plaine de la Vaunage (du nom de Nages) où se blottit le vieux village aux toits de tuiles romaines et où la vue porte jusqu’à la mer, mais oui ! Les bons yeux pouvaient deviner les pyramides de La Grande Motte, le Mont St Clair de Sète et le Pic St Loup…

Ragaillardis par un vent léger nous nous sommes enfoncés dans les bois à la recherche des constructions en pierre sèche de la partie autrefois cultivée de vignes, d’olivettes et autres fruitiers. Nous allons alors passer de surprises en découvertes dans cette Combe des moles !

 

Le grand mur en délit

Mur en délit

Au bout d’un sentier ombragé nous avons d’abord contemplé un long mur en partie construit en « délit » (pierres sur chant) digne d’une œuvre de Land art. Un ouvrage réalisé en travers de la combe pour limiter l’érosion des parcelles cultivées lors de gros orages. C’est un large mur servant à drainer et freiner l’écoulement de l’eau. Il est superbe et nos amis muraillers l’avaient trouvé presque tout éboulé.

 

 

 

L’enclos

Zébriniens devant le colimaçon !

Nous poursuivons la descente ombragée en passant devant de gros terriers de blaireaux, une petite cabane dans le sol nouvellement trouvée, pour atteindre « l’enclos » tout entouré de grands murs surmontés de pierres en délit.

La pierre de Nages est différente de celle d’Arpaillargues. C’est un calcaire dur mais c’est une roche qui se délite en plaques, en lauzes fines et régulières comme des feuilles qui sonnent sous le pas, des lauzes bien propres à la construction.

Au centre de l’enclos nous découvrons une nouvelle construction en colimaçon réalisée avec les enfants du village pour y abriter la biodiversité : insectes, petits animaux, plantes… C’est une grande structure de pierres sèches pleine, à proximité d’un bel hôtel à insectes.

La partie haute de la parcelle présente aussi un abri construit avec des jeunes d’une centre éducatif. Le volet pédagogique est bien présent chez nos muraillers. Bravo !

Le chemin nous permet de découvrir un énorme clapas, véritable mine ou carrière de pierre pour les nouvelles constructions et la première cabane.

 

La cabane

La Cabane aux iris

De forme carrée, elle est bordée d’iris. La porte au sud est ogivale surmontée d’un larmier et d’un toit plat. L’intérieur est plutôt bas, les parois en encorbellement arrondi se referment par une dalle sommitale. Notre guide nous montre une longue pierre d’un mur qui présente un nom joliment gravé : « Jules Chapel « .

Cette cabane, comme toutes celles que nous allons voir, est bien différente de celles que nous avons l’habitude de voir à Arpaillargues.

Les cabanes de Nages sont massives, plutôt basses, de plan carré à l’extérieur et circulaire à l’intérieur. Elles ont des niches, des meurtrières, des caches mais pas de cheminée. Peu sont datées et rarement sur le linteau, en général du 19e siècle. Elle sont presque toujours accolées à un mur. Les portes sont ogivales, orientées au sud et ne possèdent pas de porte en bois. Elles sont généralement constituées de lauzes fines, longues et effilées, ce qui leur donne cette apparence élégante et serrée. Elles nous font penser aux cabanes de Milhaud ou à celles d’Aramon.

Après quelques instants de repos nous retournons vers l’enclos pour y observer la cabane dans l’angle du grand mur. Elle est en très bon état, pas du tout restaurée car l’équipe de muraillers de Nages a dû restaurer une bonne vingtaine de cabanes.

Nous continuons par un sentier boisé en passant devant un « balai de sorcière » à la cime d’un grand pin éflanqué. Des pins qui sont d’ailleurs trop envahissants, ce qui incite notre guide à raccourcir les jeunes pousses le long du chemin.

 

Les garennes

Une garenne étonnante

Nous atteignons un ensemble étonnant de garennes c’est à dire de constructions dédiées à la chasse et au braconnage.

D’abord un piège à lapin, constitué d’une sorte d’entonnoir construit au pied d’un mur (de pierre sèche) fermé par de grosses pierres.

Mais le plus surprenant ce sont les affûts, cabanes comprenant plusieurs meurtrières ou postes de tir, mais aussi des caches pour abriter le fusils, les pièges et le gibier piégé, ainsi que de longs couloirs d’accès pour les animaux. Des couloirs où le braconnier pouvait faire descendre un furet (voisin de la fouine) qui poursuivait le lapin qui se précipitait à travers le couloir de sortie où l’attendait un filet ou un sac pour l’attraper à l’intérieur même de la cabane. Ingénieux, imparable !

Mais le plus curieux encore, c’est une construction rectangulaire comprenant en son centre un rectangle creux comme une baignoire et des couloirs d’accès à la base des quatre murs. Étrange construction que nos guides ont désignée comme une chambre de reproduction des lapins. Il fallait bien que les lapins restent et se développent sur le site et continuent à fournir du gibier !

Car il faut imaginer ces parcelles plantées d’oliviers, donc nettoyées, où il était facile de tirer au fusil ou piéger le gibier (perdreau, lapins…) qui constituait un bon apport pour alimenter la famille du petit peuple des garrigues.

 

Quel travail !

Cabane au fenestron

Nous avons continué à découvrir plusieurs cabanes, certaines si bien construites et en si bon état qu’elles devaient être l’œuvre de spécialistes, sans oublier une très belle cabane toute neuve, œuvre de nos amis muraillers, où le souci de la perfection s’est porté sur le fenestron arrondi. Un beau travail dans le stricte respect des anciens muraillers en utilisant la pierre écrue (sans taille) et sans compter les heures de labeur. D’ailleurs nos guides passionnés nous ont bien précisé qu’ils se retrouvaient deux fois par mois les mercredis et samedis, à quatre ou cinq, et qu’ils appréciaient plus que tout le calme du lieu, le geste ancestral ainsi que le partage (tout comme nous !).

Dominique nous a aussi parlé de ses recherches dans le compoix (ancien cadastre) de 1548 où elle avait trouvé la mention de : » une maison atenant basti a pierre essuita  » ainsi que :  » une cabane petite de peires secas  » et dans celui de 1662 :  » le chemin de las Cabanes à las Combes de las molles « . Leurs cabanes ne sont pas toute jeunes ! Quel patrimoine !

Nous redescendons vers le village par le chemin des aires en longeant un très grand mur entourant la propriété dite le « maset de Jules » (le même Jules ?) pour retrouver la place du village occupée par un petit marché de producteurs locaux.

Tous les zébriniens ont félicité et remercié nos guides qui nous ont consacré près de quatre heures de balade commentée si riche en découvertes.

 

Pour aller plus loin

Quelques photos de la visite


 

 

 

 

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