27 mai 2025 – Visite du Château Laurens et du Musée de l’Éphèbe à Agde

Le mardi 27 mai :  Visite du Château Laurens près d’Agde, édifice éclectique où se croisent Art nouveau, décors néo-grecs et d’inspiration égyptienne et orientaliste. Visite suivie de celle du Musée de l’Éphèbe au Cap d’Agde, musée d’archéologie sous-marine.

Visite proposée par Guy 

 

RV à 8h15 à la salle polyvalente d’Arpaillargues et Aureilhac pour covoiturage

 

Ça c'est bien passé

Le château Laurens

De bon matin, 19 zébriniens se sont lancés sur les traces de la Voie Domitienne devenu Autoroute A9, pour atteindre Agde, une cité historique. Nous allions découvrir son riche passé archéologique avec le Musée de l’Éphèbe mais aussi une folie architecturale le Château Laurens, patrimoine Art nouveau exceptionnel.

 

Le domaine de Belle-Isle

Proche du centre historique dont il est séparé par le fleuve Hérault, le domaine de Belle-Isle abrite une curieuse construction à la fois villa Art nouveau et temple antiquisant nommé Château Laurens. Une fois traversée la passerelle sur le fleuve nous suivons un sentier qui serpente jusqu’au pavillon d’accueil. La pièce d’eau puis le jardin s’ouvrent sur cet étrange édifice aux allures de temple grec.

 

Colonnade

Le Château Laurens

Notre première vision est celle d’un piédestal de basalte gris surmonté d’une colonnade de marbre posée sur un sol de mosaïque qui laisse apercevoir les premières peintures Art nouveau. Nous sommes déjà étonnés, éblouis même et les surprises vont se succéder. Les couleurs, les motifs végétaux, exotiques, antiquisants, égyptisants, se mêlent et dévoilent le goût et la personnalité de leur créateur Emmanuel Laurens.

 

Emmanuel Laurens (cop. Midi Libre)

Le créateur

Emmanuel Laurens est un personnage étonnant et inclassable. Étudiant en médecine à Montpellier (et plus tard médecin), il hérite à 24 ans d’une immense fortune qui va lui permettre de réaliser son rêve de « maison-monde », la construction entre 1898 et 1901 d’un palais où influences antiques et orientales sont portées par des techniques d’avant garde : fer, béton, électricité, chauffage… Passionné de voyages, de musique, de littérature, d’arts et surtout d’Art nouveau, il y mènera pendant trente ans une vie de luxe, de fêtes et de raffinement, bousculée par la première guerre mondiale et la crise des années 1930.

 

 

Le vestibule au décor Art nouveau

Un bijou d’Art nouveau

Cette demeure éblouissante est un exemple remarquable d’architecture éclectique de la fin du 19e siècle, à la fois château des temps modernes et villa antiquisante. Emmanuel Laurens a fait appel aux meilleurs artistes de l’époque. L’architecte Jacques Février, les décorateurs Eugène Dufour pour le décor et  Léon Cauvy et Paul Armaveilhe  pour le mobilier et pour les vitraux Eugène Martial Simias et le maître verrier Théophile Laumonnerie.

 

 

Le décor

La guide présente le décor du grand escalier

Un riche décor se déploie dans toutes les pièces. Passé le premier étonnement et émerveillement nous suivons notre guide fort érudite, qui nous présente les différents décors peints directement sur les murs couverts de chaux où dominent le monde végétal avec les fleurs de lotus, le papyrus et autres plantes exotiques ou rêvées mais aussi des oiseaux, des taureaux… Les différentes pièces de réceptions et d’appartement privé : vestibule, salons, atrium, grand escalier, chambres, cabinet de travail, laboratoire se succèdent. Les couleurs passent du rouge pompéien, aux bleus et jaunes orientaux… La restauration en est spectaculaire.

 

La mer, verrière de E.M. Simias

Les verrières Art nouveau 

Les verrières immenses de style Art nouveau, couvertes de fleurs et de paysages voisinent avec les frises égyptisantes. Celle du cabinet de travail ou salon bureau est éblouissante. Le thème en est la mer avec l’évocation de la sirène ainsi qu’un court poème.  

 

 

Mobilier d’une chambre

Le mobilier

Art nouveau bien sûr, est tout aussi original, raffiné et magnifique. Il répond et se fond dans le décor chatoyant. Lits, armoires, bureau et chaises sont décorés de volutes, de motifs végétaux et de visages féminins.

 

 

Le groupe en admiration du salon de musique

Le Salon de Musique

Dédié à Louise Blot, cantatrice et épouse d’Emmanuel Laurens, c’est la pièce la plus éblouissante. On ne peut s’empêcher de murmurer un « ooh » de surprise, devant l’ampleur de cette longue salle qui évoque une grande chapelle orientale ornée de longs vitraux très colorés. Les toiles peintes qui assuraient l’acoustique ont disparu et sont remplacées par des toiles contemporaines presque décevantes mais le plafond est merveilleux et onirique.

 

 

 

Fenêtre du laboratoire

Le laboratoire

Les volutes des ferronneries propres à l’art nouveau nous subjuguent dans le laboratoire où des instruments de démonstrations électriques nous intriguent.

 

 

Bref nous sommes conquis, il y aurait tant a dire que je ne peux que vous inviter à parcourir le dossier de presse fort complet. Il évoque aussi la restauration du château laissé un temps à l’abandon.
La visite guidée terminée, nous avons poursuivi seuls la découverte de l’extérieur du bâtiment en contemplant aussi le jardin où un arbre remarquable avait attiré notre attention. C’est un Magnolia centenaire qui fait face au château à proximité de deux pièces d’eau bordées de végétation exotique.

 

Les délices de Louise

Dans le jardin, au bord de l’Hérault, tout à coté du château, se trouve une guinguette où nous avons déjeuné de bonnes crêpes tout en partageant nos impressions sur cette demeure toute en couleurs, raffinement et modernité.

 

L’Éphèbe d’Agde

Le musée de l’Éphèbe

Quittant le domaine de Belle-Isle, nous avons poursuivi la route jusqu’à l’entrée du Cap d’Agde, où dans une ancienne propriété viticole, au milieu des pins, un musée a été fondé en 1985 pour offrir un « écrin » au fameux « Ephèbe« , exceptionnelle statue antique en bronze. Il fête donc ses quarante ans. C’est le seul musée de France consacré à l’archéologie sous-marine et subaquatique. Il présente les richesses du patrimoine agathois issues de soixante ans de découvertes dans le fleuve Hérault, en mer et dans l’Étang de Thau. Elles témoignent de l’activité économique d’Agde au fil des siècles, cité grecque de 2600 ans, carrefour de civilisations.

 

Les pierriers

Les collections

De véritables trésors engloutis sont retrouvés, restaurés et protégés, issus pour la plupart de nombreux navires naufragés avec leurs cargaisons de vaisselles, d’armement de la marine royale, d’amphores, de matières premières et d’objet d’art.

Partie 17e et 18 e Siècle

Accompagnés de notre jeune guide, nous pénétrons dans la première salle où nous sommes surpris par la grande collection de canons et de pierriers du 17e s., ainsi que par des quantités de petits pots de céramique ibériques tous semblables provenant du site de Brescou. Plus loin, l’épave suédoise de la « Jeanne-Elisabeth » du 18e s., elle, trouvée au large de Maguelone, abritait entre autres un trésor de vaisselle en étain et en faïence de Delft mais aussi 24360 piastres d’argent qui avaient été cachés dans des jarres de blé !

 

Notre guide devant les collections d’amphores

Partie antique

Remontant le temps nous pénétrons dans une salle qui renferme une grande quantité d’ancres de pierre énormes et très rustiques, alors qu’une autre dévoile une belle collection d’amphores vinaires, à huile, italiques espagnoles…
Plus étonnant est l’évocation du commerce des œuvres d’art avec une « Embléma » de mosaïque romaine. L’embléma d’Apollon et Marsyas qui est réalisée en toutes petites et fines tesselles. C’est une peinture de pierres, copie d’une peinture antique insérée dans une dalle de travertin et faite pour être transportée de demeure en demeure pour de riches propriétaires.

 

 

Éros en bronze

Salles des bronzes

La salle des petits bronzes recèle un charmant petit Éros, sorte de putti, petit enfant potelé au regard perçant (yeux couverts d’argent). C’est la figure du dieu de l’amour.
La salle des moyens bronze, elle, recèle la statue de l’Enfant royal ou Cesarion un des fils de Cléopâtre. Il porte une tunique et un manteau, des sandales et un bracelet serpent à la cheville et ses grands yeux portent des traces de Khôl.
La salle des grands bronze, enfin, (on se croirait dans le conte de Boucle d’or), recèle la statue du fameux Éphèbe. Découverte en 1964 par Jacky Fanjaud, membre du GRASPA dans le fleuve Hérault à quelques mètres des quais. La statue très abimée va être nettoyée puis restaurée. Présentée au Louvre en 1967, elle va y demeurer jusqu’en 1987 où elle revient définitivement dans son musée. Ce beau jeune homme serait le portrait d’Alexandre le Grand. Son visage, ses boucles, son diadème royal et sur l’épaule gauche la chlamyde, manteau militaire macédonien en attestent. Ce serait l’unique bronze hellénistique trouvé dans les eaux françaises.
Le site du Musée vous donnera plus de détails sur les collections.

 

Ce fut une journée bien remplie qui nous a dévoilé un pan du patrimoine et de l’histoire de la ville d’Agde. Depuis les fastes et le raffinement d’une demeure Art nouveau, nous avons remonté le temps dans le musée de l’Éphèbe. La tête et les yeux pleins de couleurs, de beauté et d’objets archéologiques, nous sommes repartis. Il nous reste pourtant à flâner dans les rues de cette cité méditerranéenne qui nous a réservé de bien belles surprises et malgré l’éloignement tout relatif, ce fut une belle journée de découvertes de partage et d’amitié.

 

Pour aller plus loin

 

Quelques photos de la visite

 

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